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Journée vertigineuse, étourdissante, épuisante, jeudi 3 octobre, au palais de justice d’Avignon : pas moins de sept accusés ont été entendus par la cour criminelle du Vaucluse au sujet des faits de viol qui leur sont reprochés. L’un ou l’autre interrogatoire aurait utilement pu être décalé de vingt-quatre heures, mais il faut rendre un verdict avant Noël, alors on condense, on interroge au pas de charge, et tant pis si le procès historique a parfois des airs de comparutions immédiates.
A la décharge de la cour, l’entreprise de dénégation générale est un peu répétitive, la litanie du « viol-sans-intention-de-le-commettre » s’est poursuivie jeudi, et il est tentant d’expédier le énième accusé qui « ne savait pas qu’elle était droguée » ou pensait « que c’était un jeu sexuel et qu’elle allait se réveiller ». Mais ce procès raconte tant d’histoires dans l’histoire et regorge de tant de détails qu’il faudrait plus de temps pour tout entendre.
Par où commencer ? Par la curieuse amnésie de Jean T. ? Par les lamentations de Redouane E. ? Au moins ces deux-là ont-ils livré à la cour des justifications qu’elle n’avait pas encore entendues. Le premier, âgé de 52 ans, se souvient de tout jusqu’à son entrée dans la chambre de Gisèle Pelicot ; il se souvient de tout après s’être réveillé dans sa voiture sur le parking voisin ; ce qui s’est passé entre les deux, « je ne me rappelle plus du tout », a-t-il juré, tâchant de convaincre qu’il avait lui-même été « drogué » par Dominique Pelicot.
Redouane E. s’est lui aussi défaussé, se disant « victime » de Dominique Pelicot, face à qui il aurait eu « la crainte de [sa] vie ». « En arrivant dans la chambre, je me suis dit : il a tué sa femme ? Il va filmer ? Il va m’impliquer dans un meurtre ? J’étais terrifié ! Je me suis retrouvé coincé, je me suis dit : à la moindre tentative de m’échapper, je suis mort. Donc ce que j’ai fait [à Gisèle Pelicot], c’était pour ne pas frustrer monsieur, qui me paraissait être un psychopathe dangereux. »
« J’ai revu les vidéos ce matin, je ne vous ai pas vu terrorisé du tout », a dit Antoine Camus, avocat de Gisèle Pelicot. « Ce qu’il faut bien comprendre, a répondu l’accusé de 55 ans, anticipant les vidéos défavorables qui seront visionnées vendredi, c’est que je suis en présence d’un prédateur, donc il ne faut pas que je montre de faiblesse pour ne pas l’encourager à m’attaquer. Ça rend très complexe l’interprétation des vidéos. On me dit que je n’ai pas l’air paniqué, mais justement, je ne voulais pas avoir l’air paniqué ! »
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